Brouille le 17 Novembre
1917 Chère Aurore, J’espère que tu vas bien et que les
pénuries se font moins ressentir en ville qu’ici. Maman Louise, Michel et Andrée te
passent le bonjour. Comment se passe ton travail à l’usine ? Tu ne nous as
pas donné beaucoup de détails dans ta dernière lettre. Hier,
on a réquisitionné le dernier cheval du village. Les Allemands ont fait
ensuite le tour des fermes pour vérifier que l’on ne cachait rien.
Heureusement Maman avait une cachette infaillible ! Il ne nous restait déjà
pas grand-chose alors si on nous enlève
le peu que l’on a encore … Maria,
tu sais la femme du maréchal-ferrant, elle a accouché d’une petite
Manon-Aimée la semaine dernière alors qu’elle venait d’apprendre la mort de
son mari. Elle est effondrée et tous les matins avec Louise, nous allons
l’aider à s’occuper des enfants et du ménage. Les deux aînés sont très
tristes. On
a reçu des nouvelles d’Henri, il dit qu’il va bien et qu’il t’écrira bientôt.
Il a prochainement une permission, Réponds-moi
vite, je t’embrasse, Rose |
Lille, le 5
Décembre 1917 Rose, Je vais très bien et les
pénuries se font moins ressentir en ville. Moi aussi je vous passe le
bonjour, mon travail à l'usine se passe très bien. J'ai fait la connaissance
d'une jeune fille qui s'appelle Madeleine. Elle a 17 ans et son fiancé,
Charles, est parti au front ce qui l'attriste énormément, Mon travail, est difficile
mais l'ambiance est bonne. Je suis désolée de ne pas t'avoir donner plus de détails dans ma dernière lettre, le peu de
temps que j'ai, je le passe à faire mon ménage et mon repassage et le soir,
je suis exténuée ! Heureusement que maman avait
prévu des provisions. Est- ce qu'il vous en reste suffisamment pour cet hiver
? Tu diras toutes mes
félicitations à Maria pour la petite Manon -Aimée et toutes mes condoléances
pour son mari. J'espère que sa mort n'est pas
trop dur à supporter. Heureusement que vous êtes là
pour l'aider. Je n'ai pas eu de nouvelle d'Henri depuis 3 mois... J'essaierais de revenir pour
sa permission, Je vous embrasse tous, j'espère à
très bientôt, Aurore |
2 ème série de lettres |
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Lille, le 2 janvier 1918 Chère
Rose, Comme tu l'expliques dans ta
lettre, la situation de votre village a l'air d'être désespérante. Je prie
chaque jour pour que cela s'arrange au plus vite. Tu diras à maman que je la félicite pour ce
qu'elle a fait pour Victorine, c'est vraiment une femme très remarquable. J'espère que vous avez passé
un joyeux Noël malgré vos maigres réserves de nourriture. J'ai passé les
fêtes chez des amies, cela s'est plutôt bien passé, J'ai eu une énorme pensée
pour vous, Nous voici maintenant le 2
janvier et je vous souhaite tous mes voeux de
bonheur en espérant que votre situation s’améliore le plus rapidement
possible. Et non je n'ai toujours pas eu de nouvelle
d'Henri et cela m'inquiète beaucoup aussi comme vous tous car comme tu me
l'avais indiqué sur ta dernière lettre, Henri devait m'écrire, J'en tiens bien compte que les
familles doivent désespérer, cela m'inquiète et me fait beaucoup de peine
pour eux, J'essaierais de venir bientôt
vous voir mais je ne vous promets rien car ici en ville dans mon usine nous
avons beaucoup de travail, Vous me manquez, Aurore |