PARIS  Le 23 juin 1916

 

Bonjour ma chère Léonie

 

Je vais bien mais tu me manques beaucoup.

Hier je suis allée acheter une belle robe. J'espère que l'on va bientôt se voir pour que je te la donne !

Mon père est encore à la guerre ; il commande tout un régiment !!!  Je ne le vois qu'une seule fois par mois. J'aimerais tellement l'avoir près de moi. Mais je sens que nous allons gagner. la guerre. Papa en est sûr et dit que les Allemands sont mal organisés et que leurs balles ne font rien. Il ne faut pas se décourager. Tout va bien se passer.

 

       Mon petit frère te fait le bonjour ainsi que toute la famille.

       Je dois te laisser car mon professeur de chant arrive,

                           je pense très fort à toi

 

AGATHE

 

 

 

VIMY le 30 juin 1916

 

Ma chère cousine

 

        Le quotidien ici est très dur à vivre. Tu me manques beaucoup.

Les Allemands ont envahi notre village et ils me semblent plutôt bien organisés !!! Nous manquons de vivres. Je ne vais plus à l'école car celle-ci a fermé. J'ai été malade durant 3 semaines à cause du manque de nourriture. Notre bétail est réduit de moitié.

        Mon père est au front, je ne l'ai pas vu depuis longtemps. Les Allemands sont partout et mon petit frère Louis a très peur. Je le rassure mais j'ai très peur aussi. La moisson va bientôt commencer et les Allemands sont là. Nous avons très peur qu'ils nous réquisitionnent le blé.

 

        Je suis contente que tu penses à moi. Je t'envoie cette lettre avec un dessin de Louis qui aurait souhaité t'écrire mais il ne sait pas encore le faire. Désolée pour la tristesse de ce dessin mais Louis est très affecté par ce qui se passe.

                        je pense à toi

 

Ta cousine Léonie

 

 

 

 

2 ème série de lettres

 

 PARIS, le 2 juillet

 

Ma chère cousine

 

J'ai bien reçu ta lettre et je te remercie de m'avoir répondu. J’ai été très touchée par tes propos.

Je te comprends quand tu dis que le quotidien de la guerre est très dur. Je vais demander à ma mère de vous envoyer des vivres. Ne t'inquiète pas cela sera bientôt fini. Enfin je l'espère. J'aimerais que tu dises bonjour à Louis de ma part et dis lui aussi que je l'aime de tout mon coeur.

 

       Quand toute cette guerre sera finie, j'espère que tu pourra venir passer du temps chez moi. Pour l'instant je te souhaite bonne chance et tu dois surtout prier pour que le combat cesse. Je prie bien pour vous.

A bientôt

je pense à vous tous

 

AGATHE

 

 

 

VIMY, le 12 septembre 1916

 

Chère Agathe,

 

Merci pour ta lettre qui m'a fait très plaisir.

 

        Nous n'avons plus de nouvelle de notre père depuis bien longtemps et grand-mère est très malade. Les Allemands sont toujours là et refusent de nous aider à la soigner. Nous ne vivons plus à la maison car celle-ci a été réquisitionnée par les Boches. Ils ont tout pris et toutes mes affaires ont été brûlées. Je suis désespérée…  J'espère que cette guerre se terminera bientôt car papa me manque beaucoup. Je prie très souvent pour qu'il s'en sorte vivant.

        J'ai très peur et l'école me manque. Les vivres de ta mère ne sont pas arrivés : elles ont dû être volés par les Allemands.

Vous me manquez beaucoup et je pense très fort à vous.

 

A bientôt

Léonie