Lyon, le 17 septembre 1917

       

        Cher Henri,

 

        Tout d'abord je te souhaite un bon anniversaire .Nous aurions aimé partager tes 40 ans avec toi… Ta fille t'a glissé un dessin.

        Je t'écris pour prendre de  tes nouvelles. Comment vas-tu? Les nouvelles que nous avons de la guerre sont plutôt bonnes, nous sommes très fiers de vous.

Ici c’est plutôt difficile. Nous n'avons plus de beurre et les tarifs ont augmenté pour le pain ainsi que pour le sucre. Je ne vais pas t'apprendre que des mauvaises nouvelles , j'ai une bonne nouvelle  aussi  : Jean et Félicia se sont mariées pendant une permission, et Marie vient d'apprendre à compter jusqu'à 18, c'est plutôt bien pour une fille de 4 ans, non ?

Tu nous manques,

J'attends de tes nouvelles  

Ta femme

 

Saturnine

 

 

 

Verdun, 2 octobre 1917

 

        

Chère Saturnine

 

         Ta lettre m’a réchauffé mais je ne sais ce qu’on vous raconte. Ici c'est la misère .Nous avons été expulsés de la première ligne par les Allemands.  Quelques camarades et moi avons eu le temps de nous replier mais les autres ont péri dans les tranchées.

J'ai été blessé à la jambe mais rien de grave rassure-toi ! Je me motive et je tiens le coup en lisant tes lettres. J'entends je sergent qui nous hurle dessus et qui nous demande de préparer notre fusil et nos grenades. L’attaque est imminente !

         Je te promets de rentrer à la maison et de vous serrer toi et Marie dans mes bras.

Tu me manques. J'aimerais être une larme pour naître dans tes yeux, courir sur tes joues et fondre sur tes lèvres.

Je t'aime de tout mon cœur.

 

 

Henri