Texte 1 Le travail des enfants
dans le monde
In Droits des enfants, 2009 http://www.droitsenfant.com/travail_ampleur.htm
CONSTAT
Aujourd’hui, plus de 200
millions d’enfants travaillent dans le monde, exerçant des activités qui
nuisent à leur développement mental, physique et émotionnel. Les enfants sont
contraints de travailler parce que leur survie et celle de leur famille en
dépendent. Le travail des enfants perdure, même là où il a été déclaré
illégal, et il est souvent entouré d’un mur de silence, d’apathie et
d’indifférence. Mais le mur commence à s’effriter. Alors que l’éradication du
travail des enfants est un objectif à long terme dans de nombreux pays,
certaines formes du travail des enfants doivent être combattues d’urgence.
Près de
trois quarts des enfants qui travaillent sont en prise aux pires formes du
travail des enfants, notamment la traite, les conflits armés, l’esclavage,
l’exploitation sexuelle et les travaux dangereux. L’abolition effective du
travail des enfants est l’un des plus urgents défis de notre époque.
Selon le rapport du
BIT (Bureau International du Travail), dans le groupe des enfants de 5 à 17
ans, un sur six - soit 200 millions - est astreint au travail. Plus
préoccupant encore, un sur huit - soit 179 millions d'enfants - est encore
assujetti aux pires formes de travail, celles qui mettent en danger sa santé
physique ou mentale ou sa moralité.
Par ailleurs :
Le travail des enfants reste un phénomène mondial, auquel aucun pays ni
aucune région n'échappe. Les crises de toutes sortes - catastrophes
naturelles, chocs économiques, pandémie du VIH/SIDA, conflits armés - ont
notamment pour effet de pousser un nombre croissant de jeunes vers des formes
de travail dégradante, illégales et clandestines comme la prostitution, le
trafic de drogue, la pornographie et d'autres activités illicites. En Europe, beaucoup de jeunes de
moins de 18 ans sont exploités sous prétexte d’apprentissage.
POURQUOI ?
Arrachés à
l'enfance pour des raisons économiques et/ou politiques, ils font les frais
de la misère, d'une crise, d'une guerre... parce qu'il constitue une main
d'œuvre docile, l'enfant est de plus en plus exploité : des champs à la mine
rien ne lui est épargné. Recherché pour sa souplesse et son petit gabarit, il
piochera dans les mines de charbon en Colombie, s'intoxiquera les poumons
dans les tanneries du Pakistan. Depuis 30 ans le phénomène a considérablement
évolué, et le travail de l'enfant s'apparente de moins en moins à un apprentissage. La crise
économique, l'endettement des pays pauvres, les programmes d'austérité
économique imposés par le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque
Mondiale ont conduit à des coupes claires dans les budgets sociaux et
d'éducation. Certaines multinationales n'hésitent pas à recourir à cette main
d'œuvre bon marché. (voir système Nike) Les enfants ont été contraints de
travailler pour survivre, et des employeurs sans scrupules ou poussés eux
aussi par le besoin, se sont précipités sur cette main d'œuvre. Dans bien des
cas c'est l'enfant qui
subvient aux besoins de la famille.
Pauvreté /
Analphabétisme /Différence de
salaire négligeable entre adultes et enfants
Décès ou
absence permanente du père /Le niveau
de sous-développement rural
Conditions
de vie dans les quartiers pauvres de la ville
/Impossibilité du système scolaire de garantir un emploi futur
Exigences
physiques spécifiques pour effectuer certaines tâches ( mines, tissage des
tapis, etc.) Enfants abandonnés ou errants
École
buissonnière /Familles nombreuses / Emploi des parents.
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Texte 2 Victor Hugo, Les Contemplations, 1856
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d’airain, tout est de fer.
Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : - Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !
Ô servitude infâme imposée à l’enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu’a fait Dieu ; qui tue, oeuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée,
Et qui ferait - c’est là son fruit le plus certain ! -
D’Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l’âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse
en créant la misère,
Qui se sert d’un enfant ainsi que d’un outil !
Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l’homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l’on s’abâtardit,
Maudit comme l’opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu’il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l’homme heureux !
Victor
Hugo.
Les contemplations.1856
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Texte 3 chanson Morts les enfants (1986)
Paroles et musique : Renaud Séchan
Chiffon
imbibé d'essence,
Un enfant meurt en silence
Sur le trottoir de Bogotá
On ne s'arrête pas
Dechiqu'tés aux champs de mines,
Décimés aux premières lignes
Morts les enfants de la guerre
Pour les idées de leur père
[Refrain] :
Bal à l'ambassade,
Quelques vieux malades
Imbéciles et grabataires
Se partagent l'univers
Morts les enfants de Bopale,
Industrie occidentale
Parti dans les eaux du Gange,
Des avocats s'arrangent
Morts les enfants de la haine
Près de nous où plus lointaine
Morts les enfants de la peur
Chevrotine dans le cœur
[Refrain]
Morts les enfants du Sahel,
On accuse le soleil
Morts les enfants de Seveso,
Morts les arbres, les oiseaux
Morts les enfants de la route,
Dernier week-end du mois d'août
Papa picolait sans doute
Deux ou trois verres, quelques gouttes
Bal à l'ambassade,
Quelques vieux malades
Imbéciles et tortionnaires
Se partagent l'univers
Mort l'enfant qui vivait en moi,
Qui voyait en ce monde-là
Un jardin, une rivière
Et des hommes plutôt frères
Le jardin est une jungle,
Les hommes sont devenus dingues
La rivière charrie les larmes,
Un jour l'enfant prend une arme
Bal sur l'ambassade,
Attentat grenade
Hécatombe au ministère
Sur les gravats, les grabataires
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